/ 2008
465. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La taille n’était ni élevée ni petite ; on ne songeait pas à la mesurer, mais à l’admirer ; elle paraissait à volonté grande ou petite ; elle avait autant d’harmonie que le visage. Elle n’était plus très jeune à cette époque, mais on ne songeait pas non plus à demander son âge. […] Son costume faisait aux yeux partie de sa personne ; il ne la parait pas, il la vêtissait ; on voyait qu’elle n’y avait pas songé, ou, si elle y avait songé, elle n’avait eu en vue que de la faire entièrement oublier ou de la confondre avec elle-même dans un tel accord de forme et de couleurs que sa robe et elle ne fissent qu’un dans le regard. […] Je me trouvais accidentellement à Paris avec ma mère et ma sœur ; je ne songeais nullement à demander une entrée de faveur à madame Récamier pour cette séance.

466. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Son sang-froid intellectuel ne le quitte pas, même au milieu des spasmes d’un plaisir convulsif ; quand la femme qu’il possède le serre contre son cœur, à quoi songe-t-il ? […] Quiconque se trouve sous le coup d’une sensation un peu vive, — quelle qu’elle soit, — ne songera guère à aligner des alexandrins ou à polir des périodes en prose. […] L’auteur de Baghavat a sans doute plus d’une fois songé à cette question ; et M.  […] Déjà vers cette époque, il commençait à se mêler d’écrire, ce qui signifie, quand on songe à sa jeunesse, qu’il s’essayait à pasticher les modèles de son choix. […] Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait un vieillard, ni un berceau sans songer à une tombe.

/ 2008