Sénecé ne s’aperçut pas qu’il s’opérait quelque changement pareil dans le climat des esprits vers cette date mémorable de 1664, et quand lui-même avait vingt et un ans ; il ne vit point qu’en descendant le fleuve on avait passé l’une de ces lignes par-delà lesquelles le soleil et le ciel sont plus beaux. […] Il brille d’une lumière éblouissante comme s’il était d’un seul diamant ; son éclat n’est pourtant point sa plus belle qualité, car il échauffe, il anime, il vivifie ; en un mot, il est comme le soleil du climat où il est situé. […] Le poète pense à un autre poète de ses amis, à un hôte lointain dont il vient d’apprendre à l’improviste la mort déjà ancienne, et qui avait fait lui-même des élégies mélodieuses : Quelqu’un, ô Héraclite, m’a dit ton trépas et m’a plongé dans les larmes, et je me suis ressouvenu combien de fois tous les deux nous avions, au milieu de nos doux entretiens, enseveli le soleil : mais toi, cher hôte d’Halicarnasse, dès longtemps, je ne sais où, tu n’es que cendre.
Lamartine et Hugo, le dernier surtout, plus présent à distance et dans son éloignement, règnent encore au-dessus de l’horizon et dominent, et nous dorent ou nous échauffent de loin le front de leurs derniers soleils élargis. […] Celui-ci ne se vengea qu’en faisant une nouvelle ode, et très-belle, deux ans après, sur la mort du Pindare bourru. — Notre Lebrun reçut donc en plein le coup de soleil de l’Empire, et du premier jour il se consacra d’un cœur tout français et reconnaissant à en célébrer les gloires : Aigle, je m’attache à ton aile : Emporte-moi dans l’avenir ! […] Un toit, la santé, la famille ; Quelques amis, l’hiver, autour d’un feu qui brille ; Un esprit sain, un cœur de bienveillant conseil, Et quelque livré, aux champs, qu’on lit loin du grand nombre Assis, la tête à l’ombre, Et les pieds au soleil.