Sainte-Beuve s’en rend compte et, sur le soir de ses jours, il considère qu’il a travaillé à une « histoire naturelle des esprits ». […] J’espère ne pas manquer à cette règle en parlant du rare artiste littéraire qui s’est uni, sur le soir de ses jours, aux pires ennemis de cette civilisation gréco-latine dont il fut, dont il restera un des fils les plus brillants. […] J’ignore si l’auteur du Sang des Races a promené d’abord, dans le tumulte de la Canebière, quand il s’y rendait, des nostalgies de cet ordre et s’il est remonté, le soir, jusqu’à la gare de Saint-Charles, pour se repaître des gazettes parues le matin sur le boulevard. […] C’est une contradiction bien poignante encore que la gloire n’ait commencé à lui venir qu’au soir de ses jours : « Too late ! […] Quel écho donnera plus tard à ces soupirs sa dernière et magnifique élégie que l’on va vous dire aussi : Avant le soir !
Ménalcas, qui n’est ni si libre ni si noble que son ami, répond qu’il ne déposera pas un agneau, parce qu’il a un père et une mère difficiles qui comptent tout le troupeau chaque soir. […] Il souhaite à cet objet un heureux départ, moyennant certaine condition pourtant : il lui prédit une navigation heureuse, même au cœur de l’hiver ; et lorsqu’il apprendra son arrivée à bon port, ce jour-là, par réjouissance, il se promet bien le soir, auprès d’un feu où grillera la châtaigne, accoudé sur un lit de feuillage et buvant à pleine coupe, de se faire chanter par Tityre toutes sortes de belles chansons, et l’amour du bouvier Daphnis pour une étrangère, et Comatas enfermé dans un coffre. […] Oui, bien souvent, comme il le dit, ses Grâces, qu’il envoyait dès l’aurore tenter fortune le long des portiques, s’en revinrent à lui le soir nu-pieds, l’indignation dans le cœur, lui reprochant d’avoir fait une route inutile, et elles s’assirent sur le fond du coffre vide, laissant tomber leur tête entre leurs genoux glacés : « A quoi bon ces chanteurs ?