Tel devait être le regard de tous les yeux dans le jardin de félicité, avant que le soupçon et la ruse fussent entrés à la suite des passions dans la nature ; simple miroir qui réfléchissait le monde extérieur à l’âme pensante et l’âme pensante au monde extérieur, dans le milieu d’un mutuel amour et d’une universelle paix. […] Ces horlogers champêtres sont une classe d’artisans lettrés, une aristocratie de travail dont les mœurs élégantes et simples font de ces montagnes une Arcadie d’artistes. […] C’est là qu’enfant Léopold errait dans les herbages, au milieu des pâtres et des troupeaux. » La nature, le ciel, les eaux, les arbres, les animaux, les figures simples, graves et d’une gracieuse sévérité de traits des pasteurs et des faneuses suisses furent ses seuls maîtres et ses seuls modèles. […] La figure humaine, dont la Suisse et dont sa propre famille lui offraient les plus beaux types, l’expression des sentiments simples sur les traits, les attitudes, ces gestes de l’âme, furent sa principale étude dans de nombreux portraits. […] En vain il copie le délicat et naïf visage de Thérésina elle-même : elle est trop simple pour simuler d’autre inspiration que celle de son cœur ; elle est trop timide pour lever au ciel ces regards de sibylle qui sont un défi au soleil ; elle ne regarde que celui qu’elle aime, elle ne voit le monde que dans ses yeux.
Il l’aime comme idéal, à proportion du peu de cas qu’il fait des simples vertus d’un galant homme. […] Il imagine un homme antérieur aux temps « où furent inventés les mots affreux du tien et du mien », et chez qui tout est simple, vrai, innocent. […] Mais il s’agit bien de choses si simples ! […] Rien de plus simple : prendre en toutes choses le contre-pied de l’usage. […] Il n’a rien écrit de plus simple et de plus charmant que ses surprises et ses joies de botaniste.