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645. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

VII Aussi bien est-il temps d’en venir à Chaucer lui-même ; par-delà les deux grands traits qui le rangent dans son siècle et dans son école, il en est qui le tirent de son école et de son siècle ; s’il est romanesque et gai comme les autres, c’est à sa façon. […] Le niveau du siècle est plus bas ; lui-même s’y rabat le plus souvent ; c’est parmi les conteurs comme Froissart qu’on le trouve, parmi les jolis diseurs comme Charles d’Orléans, parmi les versificateurs bavards et vides comme Gower, Lydgate, Occlève. […] Arrachez de tous les esprits d’un siècle toute grande idée neuve de la nature et de la vie, et vous les verrez, privés du besoin d’exprimer les pensées capitales, copier, se taire, ou radoter. […] La seule question qui leur fut livrée, la question des universaux, si abstraite, si sèche, si embarrassée par les obscurités arabes et les raffinements grecs, pendant des siècles, ils s’y acharnèrent. […] Trois siècles de travail au fond de cette fosse noire n’ajoutèrent pas une idée à l’esprit humain.

646. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Comme il était, par son intelligence, très en avant de son siècle et de son pays, on l’accusa de vouloir détruire les vieilles coutumes nationales. […] Vous le voyez, les hommes se ressemblent plus qu’on ne le croit, les siècles diffèrent moins qu’on ne le dit. […] Abailard se marier, lui, le grand penseur, le grand théologien, le grand dialecticien du siècle ! […] Dans notre siècle, où la philosophie n’a rien inventé (qu’invente-t-elle ?) […] À peine la vie d’un homme, et dix fois, vingt fois, cent fois la vie d’un peuple, d’un siècle, d’un monde !

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