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53. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Cet auteur, d’une incontestable originalité, d’un immense savoir et d’une rare intelligence au travail, peut passer pour exemple de ce qu’une seule mauvaise qualité peut faire perdre à une réunion de facultés éminentes. […] Les témoignages contemporains, qui seuls pourraient nous éclairer sur la véracité des ennemis de Furetière, ne confirment en rien leurs imputations. […] On devine à ce brusque revirement une de ces natures impétueuses, irascibles, passant d’une extrémité à l’autre, et incapables, au lendemain de l’insulte, d’apercevoir une seule des qualités de l’homme dont elles ne voyaient pas la veille les défauts. […] L’Académie n’a jamais pardonné à Furetière d’avoir prouvé que, pour exécuter un monument de critique et de vaste érudition, un seul cerveau bien organisé valait mieux qu’une réunion d’esprits inégaux de savoir et d’aptitude. […] « Bossuet blâma les meneurs de cette affaire… Il daigna informer Furetière que, si la chose dépendoit de lui seul, que s’il étoit chancelier, il lui accorderoit cent privilèges pour un, et il le combla d’éloges sur la beauté de son travail.

54. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Je ne suis pas plus l’homme d’un seul poète que d’une seule espèce de fleurs ou de fruits. […] Hugo n’y alla jamais (et c’est là probablement sa seule faiblesse). […] Et Hugo réunit-il donc à lui seul tout cela ? […] Edmond Rostand, seul entre tous les poètes modernes, M.  […] — Je craindrais l’homme d/un seul poète, autant que l’homme d’un seul livre.

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