Il était difficile de ne pas dire un mot tout d’abord de ce qu’on a sur le cœur : mais venons vite au savant et pacifique ouvrage auquel M. de Rémusat s’est consacré tout entier, sans sortir de son sujet un seul moment. […] Il gravit donc la montagne et se trouva dans le palais du roi, resté seul avec le premier officier de sa Cour (Dapifer), car c’était la saison des récoltes et tout le monde était aux champs. […] Anselme avait, je l’ai dit, l’âme tendre, la conscience délicate ; ces reproches de son père et ceux qu’il se faisait à lui-même le portèrent à un grand parti : il résolut de quitter le pays ; accompagné d’un seul clerc pour serviteur, il traversa le Mont-Cenis ; épuisé de fatigue et défaillant, on raconte que, pour réparer un peu ses forces, il ne trouvait à manger que la neige du chemin : Un âne portait leur mince bagage ; le serviteur inquiet chercha s’il n’y trouverait pas quelque nourriture, et, contre son attente, il trouva du pain blanc qui leur rendit la vie. […] Royer-Collard disait d’un temps d’où il se retirait, le faut-il répéter d’un autre temps, par cela seul qu’on n’y a plus sa part d’action politique et d’influence ?
C’est, comme on l’a déjà observé, presque le seul grand homme de ce siècle, qui n’ait point eu part aux bienfaits de Louis XIV. […] Cette fable est joliment contée ; mais voilà, je crois, le seul éloge que l’on puisse lui donner. […] C’est lui seul qui accrédite la louange, en même temps qu’il honore et celui qui la reçoit et celui qui la donne. […] Qu’il aimait mieux un trait d’amour, Que quatre pages de louanges ; Ce mot seul vaut mieux que tout ce que dit ici La Fontaine à cette dame et à madame de Mazarin.