De pareilles balourdises, bien plus que le latin, peuvent avoir une influence sur les esprits indépendants et contribuer à détacher ceux-là d’un régime qui gagnerait certainement à être moins maladroitement servi. […] On ne s’en sert pas en affaires. […] Elles ne servent à rien, ces langues, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent. J’ai prié deux professeurs d’anglais d’une très grande ville industrielle du nord (mari et femme — lycée de garçons et lycée de jeunes filles) de rechercher dix ans en arrière, individuellement, à quoi avait servi à leurs élèves l’enseignement de cette langue étrangère. La réponse a été celle-ci : proportion des élèves à qui une des deux langues a servi dans leur existence : 1 ½ % ; — les deux langues : 0 %.
Tout ce qui est antérieur à la Renaissance appartient à l’histoire de la langue, de l’instrument qui servira quelque jour à exprimer des idées générales. […] Si l’art est l’expression des vérités générales dans un langage définitif, les vérités de cet ordre et les termes qui ont servi à les exprimer n’étant pas sujets à changer ni à périr, il suit que l’histoire d’une littérature est l’histoire de ce qui n’a pas cessé, dans les œuvres littéraires d’une nation, d’être vrai, vivant, d’agir sur les âmes, de faire partie essentielle et permanente de l’enseignement public. […] Elle ne veut être bornée ni à l’individu qui s’en sert, ni au pays qui la parle. […] Que d’efforts pour être clair, simple, précis, pour ne se servir que des termes propres, c’est-à-dire, pour n’être pas un méchant écrivain. […] Pour la propriété, ce n’est pas assez d’être bien doué ; il faut savoir la langue, et avoir pesé dans les écrits des modèles ce que valent les mots dont nous nous servirons à notre tour.