J’avais eu tellement l’air de l’épouser d’abord aux yeux de certaines personnes, que je sentais bien que je nuirais plus que je ne servirais à son retour de fortune en insistant. […] Ces derniers mots couverts paraissent avoir été à l’adresse de Mellin de Saint-Gelais, poète de cour et homme de goût comme nous dirions, lequel s’était permis dès l’abord, contre Ronsard et sa manière, des railleries qu’il continua encore quelque temps, et dont enfin il se désista : Mellin vieillissait et allait mourir, et après les premières escarmouches, il sentit qu’il valait mieux faire sa paix avec cette jeunesse que de soutenir une guerre inégale. […] Il l’assouplit en effet, et dans les nouvelles Amours qu’il ajouta aux premières, dans les odes ou chansons qu’il y entremêla aux sonnets, il eut des notes où le feu, la verve et la facilité se font encore aujourd’hui sentir : « Quand j’étois libre, ains qu’une amour nouvelle, etc. » ; « Or que l’hiver roidit la glace épaisse, etc. » ; « Quand ce beau printemps je voy, etc. » Il y a plaisir ici et profit à le parcourir ; on est vraiment avec un poète.
Pour nous, qui nous contentons de sentir sa force, son mérite, mérite toujours contrarié et traversé de certaines ombres, il nous attire surtout à titre d’écrivain, et nous voudrions par ce côté nous en rendre compte à nous-même en présence de nos lecteurs, sans rien ajouter à l’idée, fort élevée d’ailleurs, qu’on se doit faire de lui, et sans rien exagérer. […] Rohan le sentit, et cette mort lui arracha un cri de douleur dont il a consigné l’expression dans le premier de ses discours politiques. […] À la vérité, cela lui profiterait fort et s’en sentirait toute sa vie ; ils sont quatre ou cinq jeunes seigneurs qui font ce voyage.