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1103. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

… Quand nous nous en allons en égoïstes Contemplations de toutes sortes, quand nous ne méditons que sur nous-mêmes, quand la poésie du moi, dans la littérature du xixe  siècle, suit la philosophie du moi, comme le laquais suit son maître, nous trouvons nouveau et excellent ce titre impersonnel et viril qui nous promet des peintures saines et mâles, des mœurs naïves et touchantes et des sentiments de héros. […] Elle n’enlève pas légèrement sur son front limpide tout un monde d’idées ou de sentiments comme les cariatides de Goujon enlèvent leurs corbeilles. […] Ce genre de poésie que M. de Lamartine inaugura en France par son poème de Jocelyn existe depuis longtemps en Angleterre, pays du roman sous toutes les formes, et il exige une expression d’autant plus idéale et plus puissante, que les faits qu’il retrace, les sentiments et les habitudes qu’il reproduit sont plus près de nous.

1104. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Cependant ses opérations les plus délicates se font par un sentiment auquel un long exercice a donné une sûreté inqualifiable. […] C’est dire suffisamment, je pense, que tout paysagiste qui ne sait pas traduire un sentiment par un assemblage de matière végétale ou minérale n’est pas un artiste. […] Elèves de maîtres divers, ils peignent tous fort bien, et presque tous oublient qu’un site naturel n’a de valeur que le sentiment actuel que l’artiste y sait mettre. […] Ils transmettent tout de suite à l’âme du spectateur le sentiment originel dont ils sont pénétrés. […] Un sentiment bizarre, compliqué, fait en partie de terreur et en partie de curiosité priapique, enlèvera le succès.

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