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8. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

En d’autres termes encore, nous imaginons la sensation tactile particulière qui correspond d’ordinaire à cette sensation visuelle, et que nous donnerait une canne effectivement courbée. […] Le papier ne donne plus la sensation de blanc là où il est recouvert par les taches grises, et le mur vert ou brun de la chambre ne donne plus la sensation de vert ou de brun là où s’interposent les personnages. […] Par conséquent, dans le reste, la tendance hallucinatoire a son effet ; l’image, n’étant pas niée comme sensation, mais comme sensation présente, apparaît comme sensation non présente, et la négation qu’elle subit n’a d’autre conséquence que de la rejeter en apparence hors du présent. […] — Remarquez que toute image, à plus forte raison toute série d’images, a une durée ; car toute image répète une sensation, et on a vu que les plus courtes sensations, même celles que nous jugeons instantanées, sont des suites de sensations élémentaires, elles-mêmes composées de sensations plus élémentaires encore. […] C’est pourquoi, lorsque, comme eux, elle subit la répression des sensations contradictoires, elle est contredite, non pas partiellement comme eux, mais absolument, et ne peut apparaître que comme sensation située nulle part, c’est-à-dire comme sensation simplement apparente et dépourvue de l’existence vraie.

9. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Les souvenirs n’étant que des sensations affaiblies et renaissantes, la volition ne serait, en définitive, qu’un « complexus de sensations » ayant toutes une origine « périphérique ». […] Qui dit plaisir ou peine dit non-seulement sensation, mais sensation favorable ou défavorable à l’ensemble des mouvements vitaux et des états de conscience corrélatifs à ces mouvements. […] La non-indifférence de l’être sentant à ses sensations n’est-elle elle-même qu’une sensation ? […] Dans la simple attention volontaire à une idée, nous avons des sensations de tension céphalique, oculaire, etc., et aussi déjà des sensations musculaires sympathiques et synergiques. […] Chaque centre étant ainsi actionné et actionnant, toute sensation est en même temps impulsion modifiée, toute impulsion est en même temps sensation.

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