Je serais encore au fond de l’allée où je commençai ces vers, si M. de Chateauneuf ne fût venu m’avertir qu’il était tard… » Après les jardins, ce que l’on trouvera en fait de pittoresque, dans les lettres de La Fontaine à sa femme, c’est la Loire, la Loire qui l’a infiniment frappé et qui lui a donné, pour la première fois, la sensation de la grandeur, de quelque chose qui fût véritablement grand. […] Je sais quelqu’un qui s’est longtemps proposé de faire ce voyage, et d’une façon très intéressante, en prenant le Voyage de La Fontaine en Limousin comme un guide Joanne ; de faire tout le trajet dont il a parlé, par les mêmes chemins, c’est-à-dire non pas par le chemin de fer, mais par la route qui est à peu près la même qu’à cette époque, de s’arrêter partout où La Fontaine s’est arrêté, et de comparer les sensations d’un homme de notre temps avec celles du poète. […] Je passe donc sur les « sensations d’art » de La Fontaine en son voyage. Cependant je veux vous indiquer, parce que je n’aurai pas à m’y arrêter très longtemps, sa petite sensation d’art, non pas à Richelieu, mais à Cléry, à Notre-Dame de Cléry, où est enterré le roi Louis XI.
Ce qu’on appelle « être toujours en scène », c’est ceci : c’est le don particulier, de la part de l’auteur, de présenter les choses de manière que nous ayons bien la sensation que nous les voyons, et non pas qu’on nous les récite. La sensation d’une lecture faite par des acteurs, c’est la sensation que nous avons lorsque le poète n’a pas le don dramatique ; lorsque nous avons la sensation de quelque chose qui est vécu par les acteurs, c’est que l’auteur est doué véritablement.