/ 2986
12. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Ces voies sont les nerfs, ces centres sont les organes des sens. […] Les sens, en d’autres termes, ont-ils eu d’abord pour objet la connaissance, ou l’action et la jouissance ? […] On a donc bien le droit de dire que nos sens sont des organes de sélection. […] La conscience, d’abord uniforme, confuse et diffuse, devient ainsi un monde de contrastes ; chaque sens a sa langue propre, qu’il entend et que les autres sens n’entendent pas. […] A coup sûr, les organes des sens sont des condensateurs, des espèces d’appareils grossissants.

13. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Les sens sont à l’usage de chaque individu, abstraction faite de ses rapports avec la société ; mais chaque individu a été doué d’un sens intellectuel, que j’appellerai le sens social : c’est la parole. […] La parole, qui est le sens social, et qui a dû être, dès l’origine, un sens parfait comme les autres, est, en même temps, le sens par lequel nous existons comme êtres moraux et comme êtres intelligents. […] L’homme est un être libre ; et il lui fallait un sens qui lui permît l’exercice de sa liberté, un sens au moyen duquel il pût dominer ses organes par la pensée. […] Au reste, si j’ai employé les mots physiologie et organisation, en parlant du sens intellectuel et moral de la parole, c’est pour me faire mieux comprendre, pour rendre mieux sensible l’analogie de ce sens particulier avec les autres sens de l’homme. […] L’homme alors aurait fait successivement ses organes et ses sens ; et le sens de la parole, le plus parfait de tous, serait venu le dernier.

/ 2986