Son enfance et son adolescence sont ainsi régulières, pures, et toutes dirigées dans l’avenue du temple : On ne voit pas trace d’un défaut dans son enfance ou d’une légèreté dans sa jeunesse, a dit M. de Lamartine ; il semblait échapper sans lutte aux fragilités de la nature, et n’avoir d’autre passion que le beau et le bien (et le vrai). […] Après avoir, dans la première partie de ce discours, déroulé et comme épuisé toutes les tendresses et les compassions de Jésus-Christ fait à l’image de l’homme, après s’être écrié : « Il nous a plaints, ce bon frère, comme ses compagnons de fortune, comme ayant eu à passer par les mêmes misères que nous », il nous le peint, dans sa seconde partie, se retournant et se courrouçant à la fin contre les endurcissements qu’il éprouve dans l’homme : Mais comme il n’y a point de fontaine dont la course soit si tranquille, à laquelle on ne fasse prendre par la résistance la rapidité d’un torrent : de même le Sauveur, irrité par tous ces obstacles que les Juifs aveugles opposent à sa bonté, semble déposer en un moment toute cette humeur pacifique. […] » Ce sont les mots de mon texte ; et y a-t-il une seule parole qui ne semble y avoir été mise pour dépeindre cette circonvallation, non de lignes, mais de murailles ? […] … Ici encore il me semble que Bossuet jeune excède un peu ; et de même que, dans la première partie, il avait été jusqu’à parler, à propos du Dieu fait homme, des qualités du sang et de la température du corps, il va insister dans cette seconde partie sur les horreurs de la famine et les détails infects de la contagion. […] En résumé général, dans cette physionomie, la grâce du caractère couvrait si complètement la force de l’intelligence, et la suavité y tempérait si harmonieusement la virilité de l’ensemble, qu’on ne s’y apercevait du génie qu’à l’exquise délicatesse des muscles et des nerfs de la pensée, et que l’attrait l’emportait sur l’admiration… Voilà un Bossuet primitif bien adouci et attendri, cela me semble, un Bossuet qu’on tire bien fort à soi du côté de Jocelyn et de Fénelon, afin de pouvoir dire ensuite : « L’âme évidemment dans ce grand homme était d’une trempe, et le génie d’une autre.
quand le jeune Ramond chante ainsi, il semble préluder, quarante ans auparavant, à ces beaux vers qui ouvrent les Méditations : Que ne puis-je porté sur le char de l’Aurore , etc. […] C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ? […] Le soleil aussi offre un spectacle nouveau : petit et presque dépourvu de rayons, il brille cependant d’un éclat incroyable, et sa lumière est d’une blancheur éblouissante ; on est étonné de voir son disque nettement tranché, et contrastant avec l’obscurité profonde d’un ciel dont le bleu foncé semble fuir loin derrière cet astre et donne une idée imposante de l’immensité dans laquelle nous errons. […] Sa figure n’est pas régulière, mais elle semble cacher quelque chose de plus grand et de plus beau ; on voit son âme à travers le voile. […] Bodmer ressemblait physiquement à Voltaire : Cette ressemblance, dit Ramond, me parut frappante, et j’appris qu’elle semblait telle à tous ceux qui avaient vu l’un et l’autre.