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533. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — Elle joue le chagrin ; mais en ce moment, si je l’ignore, il me semble qu’elle a un grand chagrin ; cela signifie que ses gestes, sa physionomie, ses cris, ses paroles sont les mêmes et éveillent en moi les mêmes idées que si elle avait un grand chagrin. […] Pareillement, voici un bâton plongé à demi dans l’eau ; il semble courbé, quoiqu’il soit droit ; c’est qu’entre la présence du bâton et ma perception il y plusieurs intermédiaires, dont le premier est un faisceau de rayons lumineux. […] Il éprouve en effet des fourmillements ; mais ce n’est pas dans l’orteil, qu’il n’a plus ; seulement, il lui semble qu’ils y sont. […] On voit par tous ces exemples qu’un objet ou une propriété qui n’existent pas nous semblent exister, lorsque l’effet final que d’ordinaire ils provoquent en nous par un intermédiaire se produit en nous sans qu’ils existent. […] Comprenons bien cette vérité, qui semble un paradoxe.

534. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

En réduisant la raison au respect de la nature, Boileau ne perd pas de vue, autant qu’il semble, le sens ordinaire et familier du mot. […] Avec la dévotion la plus ardente, il garde toute la liberté de son esprit, et il exprime ce qu’il a en lui, lorsqu’il semble traduire ce qui était chez les anciens. […] D’abord le lyrisme semble être exclu ou condamné. Car, si l’imitation de la nature, et de la nature qu’aperçoivent et reflètent tous les esprits, est la loi souveraine, il semble bien que l’œuvre d’art doive avoir ces deux caractères : objectivité et impersonnalité. […] Ne semble-t-il pas qu’on ne puisse donner dans le lyrisme qu’en s’éloignant de la nature ?

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