Il semble que Heine, — et ce trait lui est commun avec d’autres, — ne peut subir qu’une seule affection, dont le mécanisme devenu prédominant et constamment dispos, a atrophié les autres ; tous les ébranlements transmis par ses sens, causés par ses souvenirs, sont réfléchis suivant un angle mystérieux vers le même point vif de son âme, aboutissent à une même et constante tristesse songeuse. […] Chaque fleur semble Frémir de souffrance, et une secrète douleur Vibre dans les trilles du rossignol. […] Il semble méditer toutes les amertumes des abandons, toutes les traîtrises des ruptures, la vanité des serments, le leurre des yeux candides et des lèvres roses. […] Il semble qu’une fois chrétien, sa nature inquiète et variable lui fit éprouver un peu de la tristesse des anciens renégats juifs, invinciblement ramenés à la synagogue, sans que la peine des relaps pût contenir leur nostalgie.
Ce qui vous semble odieux ou bizarre a une intime raison d’être. […] Il y mêle, quand bon lui semble, le charme, ce charme auguste des forts, aussi supérieur à la douceur faible, à l’attrait grêle, au charme d’Ovide ou de Tibulle, que la Vénus de Milo à la Vénus de Médicis. […] Il semble que toute la question soit de préserver la littérature des indigestions. […] À ceux qui tâtent le fond de leur poche, l’inépuisable semble en démence.