Avec les Mémoires du cardinal de Retz, il semblait que la perfection fût atteinte, en intérêt, en mouvement, en analyse morale, en vivacité de peinture, et qu’il n’y eût plus rien à espérer qui les dépassât. […] Mais il me semble qu’en ce qui touchait le siècle de Louis XIV, Voltaire apportait des dispositions plus patriotiques que véridiques. […] Il a beau être passionné, il sent bien à quel point la charité peut sembler incompatible avec la vue réelle et l’exposé inexorable de la nature humaine et des choses de l’histoire envisagées, comme il fait, par le revers de la tapisserie : « Une innocente ignorance, se demande-t-il, n’est-elle pas préférable à une instruction si éloignée de la charité ? […] On est en avril 1711, et la famille royale est encore au complet, lorsque tout à coup on apprend que le fils de Louis XIV, Monseigneur, gros homme d’une cinquantaine d’années, et à qui le trône semblait destiné prochainement selon l’ordre naturel, vient de tomber dangereusement malade à Meudon. […] Enfin le malade, qui semblait mieux, a une rechute et meurt.
Mais depuis que j’ai eu à examiner de plus près les récits qui le concernent, et à le suivre lui-même dans les pages qu’il a laissées, il m’a semblé que la méthode pour l’expliquer et le présenter sous le meilleur jour à tous était simple, et qu’il suffisait de raconter et d’exposer. […] Son esprit naturellement profond avait déjà acquis une grande maturité, plus que son âge ne semblait le comporter. […] Ce retard de quatre jours semble lui avoir été funeste. […] J’aime à multiplier ces citations qui me dispensent d’avoir un avis en de telles matières, et qui ont l’avantage, ce me semble, d’exprimer sensiblement aux yeux de tous le feu, l’éclat, la verve militaire de Marmont. […] Ce sont là de ces jeux du sort, lequel, au milieu de ses rigueurs, a aussi ses réparations et presque ses piétés, et qui semble ici avoir voulu apprendre la réconciliation et la clémence aux hommes.