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2026. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Entre vous et le sentiment, au lieu du libre cours s’interpose cette glace (d’images) ininterrompue et peinte en mille tons, de smalt, d’outremer, que sais-je encore ? […] On n’est pas gagné à sa forme ; on ne sait plus s’il y a lieu le moins du monde d’être touché du fond. […] Les poëtes savent les sentiers par instinct ; ils en découvrent sans cesse d’inconnus dans leurs courses buissonnières : per avia solus. […] Si nous savions tous ces Alexandrins, nous aurions bien des exemples de la manière ingénieuse d’échapper à cette décadence inévitable dont on exagère la loi. […] Quelle que soit l’abondance de saillies de l’écrivain humouriste, son ironie prolongée, dans l’absence de toute passion, ne saurait défrayer un volume et n’y sauve pas la froideur, en même temp que l’excessif ragoût du style engendre vite le dégoût.

2027. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Le démolisseur humoriste doit savoir danser sur la tête au milieu des ruines qu’il entasse ; il doit savoir rêver eu pleine veille, tournoyer à jeun comme s’il était ivre, paraître toujours pris de vertige, écrire en tenant sa plume à l’envers, effacer à mesure chaque trait de son dessin sous l’enchevêtrement des arabesques, jeter la préface au milieu, les réflexions dans le drame, les bêtises dans les réflexions, et l’épilogue avant le titre ; il doit unir Héraclite et Démocrite, et faire le Solon eu démence, pour pouvoir dire au monde la vérité qui rebute, quand elle est servie seule, mais qui s’avale avec le reste dans une olla-putrida 149. […] Ce critique n’a jamais su que blâmer trop ou louer trop170. […] Dans cette comédie unique, si je ne me trompe, sur le théâtre français, Molière met en scène sa propre personne, et se joue hardiment de tout le monde comme de lui-même : ce qui est, vous le savez, Monsieur, un des éléments du vrai comique. […] Il faut dans la comédie que celui qui se joue lui-même paraisse manquer de jugement… le poète doit exprimer son idéal en l’alliant à des grimaces de singe et à un langage de perroquet… Il doit savoir écrire sa propre écriture à rebours.

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