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550. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

C’est pour elle qu’il s’est fait savant ; qu’il a remué toutes les chroniques ; qu’il a grignoté, mangé, dévoré et digéré tous les manuscrits ; et, de cette digestion, fait sortir cette Papesse Jeanne, pondue enfin dans les champs de l’imagination, après d’effroyables efforts scientifiques et pour satisfaire tous les goûts ! […] — et l’autre, c’est le vieux pistolet d’arçon d’un savant qui croit ne pouvoir jamais être, scientifiquement, désarçonné.

551. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Gœthe, en effet, cet habile, qui aurait le plus grand génie si le génie était jamais une résultante d’habileté ; Gœthe, ce savant metteur en œuvre, ce roué d’art, de moyens et de réussite, qui dans sa vie fut ce qu’il est toujours dans ses ouvrages : un homme d’effet calculé ; Gœthe, enfin, le puissant jeteur de poudre aux yeux, paraîtra, à ceux qu’il n’a pas tout à fait aveuglés, effroyablement diminué par les révélations d’Eckermann. […] On conçoit qu’étant un artiste réfléchi, savant, archaïque, qui s’assimilait bien plus les manières qu’il n’en créait, il eût moins de valeur sur place que dans ses livres.

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