Elles l’enivraient de leurs reflets mouvants, les boucles dorées de ma chevelure, éparpillées au vent rapide, et que la folie du galop secouait autour de mes traits purs, éclairés d’un sang rose. » Ainsi le centaure grandit d’abord parmi les forces de la nature, dans une splendide animalité.
Et est-ce qu’elle n’existe pas, pourtant, d’une façon, si j’ose dire, infiniment précise, à ce même moment, cette passion, puisque le plus petit accident qui survient pour en encombrer la carrière, ou rendre son but plus lointain, peut provoquer instantanément un bouleversement complet de tout notre être, qui se traduira jusque dans notre attitude physique et influera jusque sur la circulation de notre sang ? […] J’avais suivi dans son existence une marche inverse de celle des peuples qui ne se servent de l’écriture phonétique qu’après avoir considéré les caractères comme une suite de symboles : moi qui pendant tant d’années n’avais cherché la vie et la pensée réelles des gens que dans l’énoncé direct qu’ils m’en fournissaient volontairement, par leur faute j’en étais arrivé à ne plus attacher au contraire d’importance qu’aux témoignages qui ne sont pas une expression rationnelle et analytique de la vérité ; les paroles elles-mêmes ne me renseignaient qu’à la condition d’être interprétées à la façon d’un afflux de sang à la figure d’une personne qui se trouble, à la façon encore d’un silence subit.