C’est de cette mère enivrante et gracieuse que l’enfant reçut avec le sang le don de la grâce, le don le plus naturel de l’esprit de Voltaire. […] Son règne est annoncé par la voix des oracles, Son trône est cimenté par le sang des martyrs ; Tous les pas de ses saints sont autant de miracles, Il leur promet des biens plus grands que leurs désirs ; Ses exemples sont saints, sa morale est divine ; Il console en secret les cœurs qu’il illumine ; Dans les plus grands malheurs il leur offre un appui, Et si sur l’imposture il fonde sa doctrine C’est un bonheur encor d’être trompé par lui !
On dirait à beaucoup plus juste titre le vertueux et incorruptible Proudhon, qui n’a pas, lui, pataugé dans la fange de l’action politique, et qui n’a pas de fleuves de sang sur les mains. […] Mais, dans ce siècle-là, je sais pourtant ce qu’il aurait été… Avec le bon sens armé dont Dieu l’avait doué, et dont, pour l’avoir faussé et employé à mal, il doit répondre devant Dieu un peu plus terriblement que devant la Critique ; avec son amour de l’idée et la placidité du cours de son sang dans les veines, il serait monté sans effort vers les idées chrétiennes autour desquelles gravitaient alors tous les esprits et tous les cœurs justes.