Vies des Saints, 79 §.
Une seconde cause toute physique, et dont nous ne trahirons pas le secret, précipita l’innocence d’Amaury hors des voies saintes où elle avait timidement cheminé jusque-là ; et toutefois, avant d’en sortir pour jamais, Amaury, un instant épris d’une jeune fille, s’arrête pour l’aimer. […] À la fréquence de ses chutes, à l’incroyable activité de ses recherches, à la fureur de ses embrassements, on dirait qu’il triomphe, dans les bras des courtisanes, des austérités de la marquise, et qu’il veut châtier sur le grabat des prostituées la sainte pudeur de la jeune épouse ! […] Pour approcher de ce lit respectable, pour ouvrir à cette sainte les portes chrétiennes de l’éternité, Amaury est un trop jeune prêtre ; il n’a pas assez lavé ses souillures ; il n’a pas mérité, par une assez longue expiation, de recevoir entre ses bras cette âme délicate et tendre, qu’il a si outrageusement méconnue. […] Un jour, de prêtre il est devenu tribun ; des hauteurs de sa foi il est descendu dans l’arène des controverses politiques ; un jour, le père de l’Église a mis son génie, son style, tous les trésors de sa sainte colère, au service des passions qu’il avait si longtemps réprouvées. […] Il met son âme en règle tous les ans une fois, en faisant un pèlerinage au saint temple de Gourou-Govind-Singh, à Umbritsir ; mais pour lui la dévotion n’est qu’un masque dont il ne fait pas abus.