il paraît encore plus grand mort que vif, ont, à ce que je crois, été controuvées longtemps après, lorsqu’on vit les suites de cette mort plus tragiques que le roi ne les avait prévues ». […] Il avait demandé à ce ministre de quoi subvenir aux frais de réimpression de son Histoire ou de l’Abrégé qu’il en voulait faire ; Mazarin le lui avait promis, et de plus l’avait fait porter sur l’état de la maison du roi pour une pension de douze cents livres. On le voit, après la mort du ministre, adressant requête au roi pour obtenir le rétablissement de cette faveur qui lui avait été retranchée, et demandant de plus le fonds promis pour la réimpression30. […] On raconte que l’aimable fils de Colbert, M. de Seignelay, pour lors âgé de seize ans, et qui étudiait en philosophie au collège de Clermont, ayant lu le livre, en parla à son père, et lui parut singulièrement instruit, d’après cette lecture, de l’origine des impôts et revenus du roi, de la taille, gabelle, paulette, etc., et même de leurs abus et inconvénients, que Mézeray était plus porté à exagérer qu’à diminuer. […] Son républicanisme, s’il faut se servir de ce nom, ne l’empêchait pas d’honorer le roi et de priser fort ses bienfaits.
Un jour qu’un officier présentait à Louis XIV un placet pour avoir la croix de Saint-Louis, le roi lui répondit qu’il lui donnait une pension. L’officier répliqua qu’il aimerait mieux la croix. « Vraiment, je le crois bien », dit le roi en passant son chemin. Le duc d’Orléans, depuis régent, entendant le mot du roi, se mit à rire. […] Il voulait les réformes par le roi, et ne paraît point s’être fait beaucoup d’illusions sur l’avenir. […] Le roi, par mesure de sûreté, lui ordonna de retourner en Suisse.