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963. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mortifiée sans cesse, elle revint à la charge, ne se rebutant jamais. […] Décidé, par les persécutions qu’il avait trouvées en Suisse, à passer en Angleterre et à se confier à l’hospitalité de David Hume, Rousseau revint un moment à Paris (décembre 1765). […] Six ans après (avril 1772), comme Jean-Jacques était revenu à Paris, elle se présenta un matin chez lui, rue Plâtrière, sous prétexte de lui faire copier de la musique.

964. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

D’ailleurs, elle n’avait pas quitté la banlieue ; et, même quand elle allait faire visite à la campagne chez quelque ami, elle revenait habituellement le soir et ne découchait pas. […] Mme Geoffrin, bien observée, me paraît avoir été, par la nature de son esprit, par la méthode de son procédé, et par son genre d’influence, le Fontenelle des femmes, un Fontenelle plus actif en bienfaisance (nous reviendrons tout à l’heure sur ce trait-là), mais un vrai Fontenelle par la prudence, par la manière de concevoir et de composer son bonheur, par cette manière de dire, à plaisir familière, épigrammatique et ironique sans amertume. […] Elle avait fait graver sur ses jetons cette maxime : « L’économie est la source de l’indépendance et de la liberté. » Et cette autre : « Il ne faut pas laisser croître l’herbe sur le chemin de l’amitié. » Son esprit était de ces esprits fins dont Pascal a parlé, qui sont accoutumés à juger au premier abord et tout d’une vue, et qui ne reviennent guère à ce qu’ils ont une fois manqué.

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