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763. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Bernardin de Saint-Pierre s’ennuya fort à l’Île-de-France tant qu’il y vécut, mais revenu de là, et de loin, il ne considéra plus que la beauté des sites, la douceur et la paix des vallons ; il y plaça des êtres de son choix, il fit Paul et Virginie. […] On en est revenu. […] Quand ils partaient l’un et l’autre dans leur boc pour la fête, ils n’étaient que très différents : quand ils en sont revenus, un abîme les sépare.

764. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Combes, repasser sur les différentes phases de la carrière politique de Mme des Ursins pendant ses treize années d’influence ou de domination en Espagne : il a très bien distingué les temps, démêlé les intrigues selon l’esprit de chaque moment, montré Mme des Ursins représentant dès l’abord le parti français, mais le parti français modéré qui tendait à la fusion avec l’Espagne, et combattant le parti ultra-français représenté par les d’Estrées : — ce fut sa première époque : — puis, après un court intervalle de disgrâce et un rappel en France, revenue triomphante et autorisée par Louis XIV, elle dut pourtant, malgré ses premiers ménagements pour l’esprit espagnol, s’appliquer à briser l’opposition des grands et travailler à niveler l’Espagne dans un sens tout monarchique, antiféodal ; c’était encore pratiquer la politique française, le système d’unité dans le gouvernement, et le transporter au-delà des Pyrénées : — ce fut la seconde partie de sa tâche. — Mais quand Louis XIV, effrayé et découragé par les premiers désastres de cette funeste guerre de la succession, paraît disposé à abandonner l’Espagne et à lâcher son petit-fils, Mme des Ursins, dévouée avant tout aux intérêts de Philippe V et du royaume qu’elle a épousé, devient tout Espagnole pour le salut et l’intégrité de la couronne, rompt au-dedans avec le parti français, conjure au dehors la défection de Versailles, écrit à Mme de Maintenon des lettres à feu et à sang, s’appuie en attendant sur la nation, et, s’aidant d’une noble reine, jette résolument le roi dans les bras de ses sujets. […] Une fois la chose jetée en avant, elle ne laisse guère passer de courrier sans y revenir, sans y ajouter, n’omettant rien pour la rendre et la montrer possible et même facile. […] [NdA] Expression du marquis de Lassay (Recueil de différentes choses, Lausanne, 1756, tome i, page 264). — Antérieurement, soit à Paris, soit à Rome, Mme des Ursins avait beaucoup vu le cardinal de Retz et avait pu prendre de lui ses premières leçons de politique ; il ne tiendrait même qu’à nous de croire qu’elle fut sa dernière galanterie : « On me mande, écrivait Bussy à Mme de Montmorency, que M. le cardinal de Retz achève de faire sa pénitence chez Mme de Bracciano qui, comme vous savez, était Mme de Chalais ; cela étant, je ne désespère pas de voir l’abbé de La Trappe revenir soupirer pour quelque dame de la Cour ; et si l’on va en paradis par le chemin que tient ce cardinal, l’abbé est bien sot de tenir le chemin qu’il tient pour y aller. » 57.

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