Or, il ne faut pas peindre de vertus où il entre de l’affectation, parce que c’est le moyen de les faire paraître affectées tout entières, et voilà qu’Alceste paraîtrait un hypocrite de vertu, si on le peignait comme Rousseau voudrait qu’il le fût ; et donc la vérité veut qu’Alceste soit représenté comme sensible à l’injustice, même quand elle le touche, et aussi le plus grand service que Molière puisse rendre à Alceste, c’est de le représenter comme n’étant pas insensible à l’injustice quand elle l’atteint ; or la double thèse de Rousseau est toujours que le misanthrope de Molière n’est pas vrai et que Molière use de mauvais procédés envers Alceste pour le rendre antipathique au public ; les deux parties de la thèse me paraissent fausses. […] En effet, tantôt Philinte représente Alceste comme en pleine carrière de misanthropie, tantôt Alceste se donne lui-même comme allant entrer dans cette carrière. […] Et nous voilà revenus à nos conclusions : le peuple n’a presque jamais un beau rôle dans Molière, et le plus souvent, tout au moins, il y est représenté sous de très déplaisantes couleurs. […] Ici, il y a une lutte entre la convention sociale représentée par Philinte et aussi par Célimène et le mouvement naturel représenté par Alceste. […] Jourdain est un homme embrassant avec passion un préjugé, et dont toute la passion consiste à embrasser un préjugé, et, par conséquent, en le ridiculisant, c’est le préjugé qu’on ridiculise ; et il est très vrai qu’en cette pièce la nature, la bonne nature, représentée par Mme Jourdain et par Nicole, raille victorieusement M.
La justice française n’est point diffamée dans la Bête humaine, elle est représentée telle qu’elle est avec ses qualités, mais aussi avec ses vices d’erreurs, de nonchalance, d’indifférence pour les intérêts qui résultent de son irresponsabilité. […] Ajoutons qu’elle n’y fut représentée qu’une fois et que, vu l’insuccès flagrant, Hugo écrivait le lendemain la lettre suivante : Paris, le 14 février 1828. […] Essentiellement parlant, le grand art n’admet ni le mâle ni la femelle ; il représente l’androgyne ou le gynandre, seulement. […] Je me représentais les furieux reproches que m’eût adressés Vonderhaërt, s’il m’était arrivé de torcher des pieds et des mains comme ceux que je voyais aux Femmes d’Alger et à la Noce juive. […] Je m’arrête et je renvoie le lecteur à ce livre, véritable monument élevé à l’impérissable beauté que l’art a mission de représenter sur la terre.