Ne voulaient-ils pas, il y a quelques mois, rendre toute l’Europe républicaine malgré elle ? […] Il est certain que la civilisation ne s’improvise pas, qu’elle exige une longue discipline et que c’est rendre un mauvais service aux races incultes que de les émanciper du premier coup. […] Toujours la vue fatalement partielle et rendue telle par le but pratique qu’on se propose. […] Ceux qui veulent arrêter un mouvement lui rendent un double service : ils l’accélèrent et ils le règlent. […] Mais maintenant nous avons la clef de l’énigme, et Dieu est justifié par le plus grand bien de l’espèce. » Pendant que la croyance à l’immortalité aura été nécessaire pour rendre la vie supportable, on y aura cru.
Un jour, il se rendit en visite à la tête des paysans de Blérancourt au château de Manicamp, chez le comte de Lauraguais, colonel des gardes nationales du canton, et un peu pour le braver : On nous dit que le comte était aux champs, raconte Saint-Just dans une lettre, et moi cependant je fis comme Tarquin : j’avais une baguette avec laquelle je coupai la tête à une fougère qui se trouva près de moi sous les fenêtres du château, et sans mot dire, nous fîmes volte-face. […] Un de ces crimes de Louis XVI et que dénoncera Saint-Just dans un second discours, c’est, au 10 août, de s’être réfugié au sein de l’Assemblée législative, accompagné de quelques soldats et serviteurs fidèles : Il se rendit au milieu de vous, s’écrie l’énergumène hypocrite ; il s’y fit jour par la force… Il se rendit dans le sein de la Législature ; ses soldats en violèrent l’asile. […] Pauvre Louis XVI, accusé d’avoir tiré l’épée au moment même où il la rendait ! […] Il a rendu ce méchant sentiment avec toute l’énergie dont il était capable, dans un de ses rapports où il est dit : « Il serait juste que le peuple régnât à son tour sur ses oppresseurs, et que la sueur baignât l’orgueil de leur front. » Selon Barère, une telle proposition ne trouva que résistance au sein même du Comité ; on répondit que nos mœurs répugnaient à un tel genre de supplice ; que la noblesse pouvait bien être abolie par les lois politiques, mais que les nobles conservaient toujours dans la masse du peuple un rang d’opinion, une distinction due à l’éducation, et qui ne permettait pas d’agir à Paris comme Marius agissait à Rome : Eh bien ! […] Fleury nous le fait suivre en détail dans ses missions militaires, à Strasbourg d’abord, puis à l’armée du Nord, où il paraît qu’il rendit des services en rétablissant à tout prix la discipline.