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1046. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Ils s’étoient estimés, aimés & consultés pendant longtemps : ils avoient embrassé la même doctrine ; bien d’autres liens, par lesquels ils devoient être unis en apparence jusqu’au tombeau, ne firent que rendre leur rupture plus éclatante : on vit combien peu la rivalité connoît peu la modération. […] Ce censeur, judicieux à d’autres égards, ne vouloit pas comprendre que la voie qu’il recommandoit étoit la plus longue ; qu’on n’avoit que trop entassé de tout temps des puérilités pédantesques dans la tête d’un jeune homme qui veut se former à l’éloquence ; que les exemples en disent plus que les maîtres ; qu’un seul morceau choisi de Démosthène, de Cicéron & de Bossuet, rend plus éloquent celui qui est né avec du génie, que toutes les règles & tous les préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien & de tous leurs commentateurs. […] Il n’avoit que les mêmes exclamations, pour rendre toutes les beautés de l’auteur qu’il interprêtoit.

1047. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Cette comparaison nous accoutumait à sentir des nuances d’idées, bientôt même des catégories entières d’idées, que soit notre langue maternelle, soit les autres langues acquises étaient inhabiles à rendre. […] Ainsi la liberté morale, qui est, en définitive, la vraie liberté, et dont la liberté politique n’est, pour ainsi dire, qu’une image, s’agitait dans les liens de la parole pour les rendre moins pesants. […] Je ne sais si je suis parvenu à me faire comprendre : une courte observation sur la musique achèvera peut-être de rendre sensible le phénomène nouveau de l’intelligence humaine.

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