Dans un autre endroit, combattant les athées, il dit, à propos des Sauvages qu’on croyait sans Dieu : « Mais on peut insister, on peut dire : Ils vivent en société, et ils sont sans Dieu ; donc on peut vivre en société sans religion. […] Du moins l’on sera forcé de conclure (si on n’est pas convaincu) que, Voltaire ayant soutenu éternellement le pour et le contre, et varié sans cesse dans ses sentiments, son opinion en morale, en philosophie, et en religion, doit être comptée pour peu de chose. […] Il me semble, sauf erreur, que les personniſications ne prouvent pas que la morale fût unie à la religion dans le polythéisme. […] S’il personnifie les remords, la colère divine, etc., s’il peint le coupable au Tartare et le juste aux Champs-Élysées, ce sont sans doute de belles fictions, mais qui ne constituent pas un code moral attaché au polythéisme comme l’Évangile l’est à la religion chrétienne. […] Quant à ceux qui font un crime au christianisme d’avoir ajouté la force morale à la force religieuse, ils trouveront ma réponse dans le dernier chapitre de cet ouvrage, où je montre qu’au défaut de l’esclavage antique, les peuples modernes doivent avoir un frein puissant dans leur religion.
Giraud, qui a la religion de la poésie, aurait-il craint de ne pouvoir se pardonner d’avoir écrit une œuvre poétique imparfaite, ou est-ce simplement le hasard qui a voulu qu’il jetât sa gourme en prose ? […] Comme rien ne le lui offrait autour de lui, ni le monde matériel, ni les philosophies, ni les religions, il a tenté l’entreprise gigantesque de se le forger lui-même.