Les excellents travaux d’un Samuel Bernard sur la Bible, d’un Dupin sur l’histoire de l’Église avaient, au dix-septième siècle, diminué très sérieusement les apparences surnaturelles du christianisme ; cela n’eut aucune influence sur la manière qu’avaient les hommes de comprendre la religion ; parce que comprendre, c’est sentir ; et parce que la sensibilité générale des croyants n’avait pas été modifiée.
Il l’est encore parce qu’il a ses idées à lui sur la politique, sur la religion, sur la philosophie, sur le prix des blés, sur le tracé du Métropolitain et le fonctionnement des omnibus ; et ces idées sont celles de tout le monde ; et il les développe avec une conviction imperturbable et une importance solennelle ; et il les ressasse ; et il ne vous lâche point que vous ne lui ayez laissé dans les doigts le bouton de votre habit, par lequel il vous retient. […] Arnolphe a mis de son côté toutes les chances de succès ; il a pour lui le respect qu’inspire naturellement le maître, la reconnaissance que l’on doit au bienfaiteur, la religion, dont il se servira comme d’une arme, faisant luire aux yeux de cette imagination d’enfant les feux de l’enfer, et enfin ce sentiment de sa supériorité intellectuelle et morale qu’il a lentement imprimé dans cette jeune cervelle.