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1012. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

La religion, c’est de croire en Dieu, en acceptant toutes les conséquences d’une croyance précise ; le mysticisme, c’est de croire à l’échelle de Jacob. […] Mais non seulement le mysticisme, la religion elle-même, nous est-il affirmé, s’est séparée de l’Eglise. […] Il a bien fallu admettre, puisque Tolstoï est chrétien, qu’il y a un christianisme essentiel hostile à la religion, de même que la religion lui est hostile ; et il a bien fallu mesurer les deux tendances et chercher laquelle se rapproche le plus des origines évangéliques. […] Il agrandit un horizon que le clergé d’aujourd’hui a réduit aux dimensions d’un panorama, et, comme les mystiques catholiques de race grecque, il fait entrer dans sa religion la philosophie de son temps. […] Donné par le poète (lui-même, il est très vrai) le mot d’ordre du silence a été gardé depuis sept ans avec une religion vraiment exemplaire, mais ceux qui ont souffert de se taire me pardonneront peut-être d’avoir parlé.

1013. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Si l’on y eût cependant trouvé quelque chose, nous ne serions pas incapables de prendre les notes de Pascal sur l’éducation d’un prince pour autant de fragments de l’Apologie de la Religion. […] Mais ces dogmes et ces mystères, une religion les enseigne, et il n’y en a qu’une : c’est donc la vraie religion, celle qu’en ne croyant pas vous mettez non seulement au hasard votre salut éternel, mais encore tout ce qui fait le vrai prix de la vie de ce monde ; et, de plus, vous vous devenez à vous-même, ainsi que la nature et l’histoire, un monstre et un chaos. […] Car la corruption de cette belle raison, en ce cas, est son dogme ; et plus profonde est la corruption, plus éclatante en devient la nécessité de la religion que veut prouver l’apologiste. […] Je pousserai plus loin la hardiesse, et, à ceux qui voudront étudier Pascal et ses Pensées, je conseillerai de commencer par étudier la religion même. Comme l’œuvre de Bossuet, comme l’œuvre de Fénelon, comme l’œuvre de Bourdaloue, la religion remplit l’œuvre entière de Pascal ; or, de cette religion, il en faut convenir, c’est beaucoup si nous en savons ce que le catéchisme en enseigne ; et cependant nous n’en parlons pas avec moins d’assurance et de sécurité de Fénelon et de Bourdaloue, de Bossuet et de Pascal.

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