Au reste, ou je m’abuse sur mon ouvrage, ou jamais république ne fut plus grande, plus sainte, plus féconde en bons exemples30. » Tite-Live nous montre on ne peut mieux comment pensent, parlent, agissent et combattent ces sénateurs, ces tribuns, ces généraux, ces partis, ces légions ; mais la nécessité extérieure qui régit le développement de cette ambition incessamment conquérante, le génie de la formule religieuse ou juridique qui préside à tous les faits intérieurs ou extérieurs de cette histoire, en un mot le véritable secret de l’explication des choses romaines, Tite-Live ne le livre point à ses lecteurs, parce qu’il ne le possède pas bien lui-même. […] Fustel de Coulanges trouve moyen d’enfermer dans une formule unique, le culte des morts, tout le système des institutions religieuses, domestiques, civiles qui constituent la cité antique32. […] Jusqu’à notre siècle, on n’avait guère procédé en histoire que par narrations, par tableaux ou par portraits ; on parlait des grands hommes et de leurs œuvres politiques, comme dans l’antiquité, plutôt que des institutions religieuses, sociales, juridiques, économiques, qui sont l’œuvre des causes naturelles ou traditionnelles plus ou moins indépendantes des faits politiques. […] Taine explique par un exemple, la musique religieuse protestante, sa formule, fort mal interprétée d’ailleurs par une critique prévenue. […] Dans l’histoire des guerres de religion qui ont désolé la France au xvie siècle, si l’on se rend bien compte du fanatisme des sectes religieuses, des passions populaires, des intérêts politiques engagés dans la lutte, on parvient à comprendre comment la Saint-Barthélemy n’est point sortie tout entière du cabinet d’une Catherine de Médicis, abusant de la signature d’un Charles IX.
Monstrelet ou le religieux de Saint-Denis ont-ils jamais eu spectacles pareils à ceux de la Grèce ? […] Le petit sénat de Calamata compte dans son sein de savants religieux nourris dans les traditions historiques et dans l’ancienne langue de leur patrie. […] Il visita deux fois Rome, où la hardiesse de ses discours sur les questions religieuses donna quelque sujet d’inquiétude à ses amis. […] Le puritanisme religieux et politique en avait fait un objet perpétuel d’allusions. […] Mais Pope, à la fois grave et caustique, ne se plut pas à la brillante gaieté de Voltaire, et le trouva peu religieux.