Cette constitution très réelle, mais non écrite, faite de traditions et d’usages, obligeant le roi en conscience, mais ne le liant point, c’est la constitution française ; et Bossuet ne l’a pas lue, non plus que personne, mais il la connaît et la rappelle, et Fénelon de même, et Montesquieu sait bien qu’elle existe, et que c’est pour cela que la France n’est pas la Turquie. […] Il la connaît mal, il tranche bien vite par des « doctrines abjectes » ou par des épigrammes qui, chose amusante, rappellent tout à fait Voltaire, ennemi, lui aussi, superficiel et dédaigneux, des théories évolutionnistes naissantes. […] En la lisant, le siècle finissant doit se dire à lui-même le mot du marquis de Posa : « Rappelez-lui qu’il doit porter respect aux rêves de sa jeunesse. » — Elle a eu elle-même un mot bien profond : « Désormais il faut avoir l’esprit européen. » C’était donner au siècle qui naissait sa devise.
En effet, ces concepts, érigés en choses en soi, deviennent contradictoires : l’espace homogène et infini sans qualités, l’atome étendu et indivisible, la causalité mécanique où ce qui ne peut rien sur soi a pouvoir sur autre chose et qui nous jette dans le progrès à l’infini, l’action d’un corps brut sur un autre, de quelque manière qu’on se la représente : tous ces symboles, pris pour des réalités absolues, deviennent inintelligibles, ce qui ne paraîtra pas étrange si l’on se rappelle que ces concepts, soumis à l’analyse, présentent des éléments réfractaires à la pensée.