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1104. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et l’histoire nous raconte que les héros qui devaient s’illustrer, plus tard, sous la Révolution, avaient été dans leur jeunesse des amoureux fort véhéments. […] Le soir, rentrés dans leur chambre, au débotté, nos trois amis se racontèrent leurs impressions, et vous vous figurez quelle fut leur surprise et leur gaieté en apprenant que M.  […] François Coppée, la courtoisie qu’il met à répondre aux invitations des directeurs de revue, et, après avoir raconté l’histoire abracadabrante de trois jeunes Belges à Paris (histoire qui prouverait l’extraordinaire ingénuité de M.  […] Les jeunes romanciers semblent donc tout à fait décidés à nous raconter des histoires quotidiennes, très simples et très naturelles. […] C’est, toutefois, d’une écriture un peu gauche, mais le moindre événement devient émotionnant lorsque Eugène Rouart le raconte.

1105. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

La marquise descend dans un petit couvent de la rue Saint-Jacques ; Amaury fait choix d’une chambre dans le voisinage ; et voici, pendant la captivité du mari, les relations qui s’établissent entre la marquise et l’étudiant : « Tous les soirs, quand les religieuses s’étaient retirées et les enfants endormis, nous demeurions très tard, très avant même dans la nuit, près de la cendre éteinte, en mille sortes de raisonnements, de ressouvenirs, de conjectures indéfinies sur le sort, la bizarrerie des rencontres, des situations, la mobilité du drame humain, nous étonnant des moindres détails, nous en demandant le pourquoi, tirant de chaque chose l’esprit, ramenant tout à deux ou trois idées d’invariable, d’invisible et de triomphe par l’âme ; jamais ennuyés dans cet écho mutuel de nos conclusions, toujours naturels dans nos subtilités. » J’ai cité cette phrase tout au long, parce qu’elle me dispense de raconter ; en effet, elle résume merveilleusement toute l’histoire de cette liaison vraiment étrange, qui n’est ni amitié ni amour, ni mystère ni éclat, ni passion ni calme, ni innocence ni crime. […] Personne dans le monde ne parle, n’écrit, ne raconte, ne moralise, ne discute, ne décrit de cette façon ! […] Sainte-Beuve n’est pas toujours dans les nuages ; les aventures qu’il se charge de raconter, les tristes habitudes et les passions de son héros le ramènent à chaque instant sur la terre. […] Je les racontais à mon ami, arbitre sûr en ces gracieuses matières ; il me montrait en échange des lettres humides encore du langage dont s’écrivent les amants ; et je rapportais de ces conversations sensibles, toutes pétries de la fleur des poisons, un surcroît de chatouillement et une émulation funeste. » Je termine par le récit d’une promenade, une promenade champêtre : « Dans ces derniers temps du combat (le combat de la raison et des sens), à chaque reprise des obscurcissantes délices, il m’en restait un long sentiment de décadence et de ruine. […] Nous avons vu Jacquemont à la table des riches Anglais de Calcutta, subjuguant l’étiquette à force de naturel, de franchise et de gaieté ; puis gravissant avec la science les glaciers de l’Himalaya ; géologue intrépide et guerrier sur le Thibet, diplomate éprouvé, orateur éloquent, hardi patriote à Meerut ; prisonnier et maître dans les montagnes du Punjaub, plus que roi à Cachemyr ; mais que n’aurais-je pas à raconter encore, si je voulais puiser moins discrètement dans cette mine intarissable que sa correspondance me fournit !

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