Ces détails ne sont pas hors de propos quand on parle de notre poète qui, très pointilleux en tout et notamment sur le chapitre de la naissance, y attachait une importance extrême : Vanter en tout endroit sa race Plus que celle des rois de Thrace, Cela se peut facilement, etc. […] Son autre fils, le dernier né de ses enfants et le seul qui atteignit à l’âge de jeunesse, fut tué en duel à vingt-six ans, par Fortia de Piles, et son père voulut le venger ; il le pleura moins comme père que comme chef de famille, chef de race. […] C’est à ces grands hommes en effet, et à ce qu’ils eurent de ferme, d’imposant et de suivi, que la littérature de cet heureux siècle dut (avec ce qui lui venait de l’inspiration originale et naturelle des talents ou des génies) d’acquérir et de combiner un élément tout nouveau de grandeur, de gravité, de dignité, de noblesse, d’autorité, tellement que cette littérature conservant les beautés propres à notre race, on aurait dit par moments que le vice national, la légèreté gauloise, avait disparu, ou n’y restait que pour la grâce.
L’individu est tout, la race n’est rien ; la mémoire lui manque ; elle ne sait ni d’où elle vient ni où elle va ; elle n’a pas d’hier, et, n’ayant point d’hier, elle ne sait pas si elle aura un demain. […] C’est aussi l’expérience de la race humaine, et par là même c’est une part immense dans la sagesse des nations. […] Il est de la race de ces hommes qu’il ne faut pas prendre au premier mot, mais dont il faut attendre le développement intellectuel, politique et moral, développement qui ne s’arrête plus en eux qu’à la mort ; hommes qui grandiraient toujours en intelligence, en sagacité, en talent, si Dieu n’avait pas mis à leur développement les bornes de leur existence ici-bas.