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502. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

La chose me paraît probable, non que je considère l’humanité comme un seul être, auquel l’hérédité ferait une sorte d’individualité relative en jouant dans l’espèce entière le rôle qui appartient chez les individus à l’habitude ; mais les premières générations humaines qui parlèrent durent parler très peu, et l’habitude, pour avoir les effets que nous avons décrits, suppose un exercice régulier et fréquent de la parole ; la purification de la parole intérieure implique sa fréquence, sinon sa continuité absolue, c’est-à-dire une période du langage qui n’est pas la période tout à fait primitive. […] Le sens commun et la physiologie ne sont pas d’accord sur le siège de la parole ; le sens commun ignore le rôle du larynx dans la phonation, parce que le larynx d’autrui nous est invisible et que le nôtre ne nous est révélé, sauf le cas de maladie, par aucune sensation tactile : nous localisons la parole d’autrui là où nous voyons un mouvement simultané au son entendu, c’est-à-dire à sa bouche, et plutôt à ses lèvres que dans la cavité buccale ; nous localisons la nôtre là où nous sentons des tacta, c’est-à-dire dans la cavité buccale et sur nos lèvres. […] Plus le psychologue persévère dans cette méthode, plus il use de la parole intérieure et moins il est près de la connaître, car elle s’habitue, pour ainsi dire, à son rôle ; elle ne peut devenir objet que par le souvenir, et, pour que le souvenir ait lieu, il faut que la réflexion dialectique fasse silence, c’est-à-dire qu’elle s’arrête, et, avec elle, le discours intérieur qui la traduit ; car l’invention et la reproduction ne peuvent coexister ; toute phrase intérieure nouvelle plonge dans un oubli presque toujours définitif la phrase intérieure qui la précédait dans la conscience. […] ou du moins acteur tout à son rôle et spectateur attentif ? […] Cf., en français, avoir un mot sur la langue, métaphore pour prêt à être dit, ce qui n’implique pas nécessairement la parole intérieure dans son rôle de souffleur.

503. (1864) Le roman contemporain

— Et que notre pauvre Ourliac était comique dans les rôles d’Arlequin ! […] Rodolphe est un Lovelace vulgaire, égoïste et brutal, qui a appris par cœur son rôle de séducteur. […] Il fait jouer au lecteur le rôle que jouent les vieillards dans le tableau de la chaste Suzanne. […] Le rôle de jalousie et de fureur que les auteurs de drames et de romans prêtent ordinairement au mari, M.  […] Ce forçat est appelé à tenir la place d’honneur, à jouer le principal rôle dans Les Misérables.

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