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19. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Ses personnages, nettement accusés comme ceux des gothiques de Cologne, restent pourtant lointains comme eux, et le rêve qui les entoure se communique à nous par l’enchantement de la musique. […] Ses vers, un peu dorés, un peu bruyants, éclatent et sonnent vraiment pour des jours de fête et de fastueuses parades, et quand les jeux du soleil s’éteignent, voici des torches allumées dans la nuit pour éclairer le somptueux cortège des femmes surnaturelles… Après de si éclatantes trompettes, les Petits Poèmes d’automne, le bruit du rouet, un son de cloche, un air de flûte dans un ton de clair de lune : c’est l’assoupissement et le rêve attristé par le silence des choses et l’incertitude des heures… M.  […] Et ce seront alors des chansons douces, comme d’une teinte effacée, des ballets de Lulli où sourient de mièvres marquises, des brises ailées et des caresses, toute une savante combinaison de syllabes fondues, atténuées, prolongées ou redoublées, des divertissements verbaux exécutés par un rêveur légèrement triste qui fermerait les yeux pour ne pas être distrait par les choses réelles et mieux rêver les rêves qu’il a élus. […] Ou bien son rêve s’élance « vers les villes qu’on ne voit pas encore à l’horizon ». […] La nécessité de s’exprimer noblement ne tend-elle point d’ailleurs à la réalisation d’un grand rêve social, puisqu’elle impose la plus grande part de perfection humaine.

20. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Remy de Gourmont C’est de la littérature anarchiste qui serait en même temps de la littérature, tout court ; un poème et un exposé de doctrine ; un rêve et un manuel ; mais le poème et le rêve sont dominants. […] Similitudes nous emmène dans le possible, mais par de trop possibles sentiers ; trop clair, c’est aussi trop simple, trop comme le désire l’auteur, qui ne daigne compter qu’avec son rêve et de toutes les contradictoires tendances de l’humanité n’en admet qu’une, enfin victorieuse, celle qui lui plaît. […] Ce ne sont pas des fantoches débitant d’une voix monotone et affadissante des mirlitonneries pour demoiselles en mal de rêve. […] Le flamboiement de l’alcool brûlait dans ces ténèbres ; il y avait déjà, je ne veux pas l’oublier, des pages délicieuses ou ravagées de sauvages passions et qui donnaient le goût de grands rêves nocturnes, dans les brumes de sa flottante Thulé.

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