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1497. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Le même commandement retentirait à l’oreille du somnambule qui se préparerait, qui commencerait même à sortir du rêve qu’il joue : s’il retombait tout de suite en somnambulisme, un impératif catégorique exprimerait en mots, pour la réflexion qui aurait failli surgir et qui se serait aussitôt évanouie, l’inévitabilité du retour. […] Composées d’êtres intelligents, ces sociétés auraient présenté une variabilité qu’on ne trouve pas dans les sociétés animales, régies par l’instinct ; mais la variation ne serait pas allée jusqu’à encourager le rêve d’une transformation radicale ; l’humanité ne se fût pas modifiée au point qu’une société unique, embrassant tous les hommes, apparût comme possible.

1498. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Je n’inquiète que leur esprit, qu’ils pensent que je rêve d’étrangler. […] aussi un correspondant m’adresse-t-il cette phrase rencontrée mot pour mot à la fois dans Rémy de Gourmont et dans Barrès : on peut ne pas bien comprendre et cependant être ému. de Rémy de Gourmont encore, transmises par J-M : les mots ont en eux-mêmes et « en dehors du sens qu’ils expriment » une beauté et une valeur propres… … je les aime pour leur esthétique personnelle, dont la rareté est un des éléments, la sonorité un autre…ceux que j’adore sont « ceux dont le sens m’est fermé », ou presque, les mots imprécis, les syllabes de rêves, les marjolaines ou les milloraines, fleurs jamais vues, fuyantes fées, « qui ne hantent que les chansons de nourrices… » les écrits des symbolistes et de leurs commentateurs sont pleins de ces passages qui distinguent l’un ou l’autre des éléments dont la poésie pure se compose.

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