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821. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Voilà une question bien propre à troubler tout sincère ami du progrès…. […] Ce qui l’a frappé avant tout dans Mirabeau, c’est le contraste de cette jeunesse persécutée, flétrie, verrouillée, et de son merveilleux avénement politique ; c’est le contraste de cette vie si dure de tribune et de combats journaliers avec l’inauguration unanime d’un cercueil : ce qu’il a épousé tout d’abord dans Mirabeau, c’est la question personnelle94 du génie, du génie méconnu, du génie envié et du génie triomphant : « Grands hommes, voulez-vous avoir raison demain ? […] Sieyès devient un songe-creux que Mirabeau pénètre en un clin d’œil, Sieyès qui, avant sa corruption, méritait d’être proclamé l’un des hommes les plus éclairés, les plus hardis et les plus sainement métaphysiques de l’époque, Sieyès qui du moins, devant la postérité, conservera l’honneur d’avoir le premier répondu à la question : « Qu’est-ce que le tiers état ?  […] Hugo de s’être trop préoccupé dans le portrait de Mirabeau de sa propre question personnelle et de s’être vu, miré et copié lui-même, en quelque sorte, dans cette figure toute marquetée et couturée, comme dan un miroir à mille facettes. — Lamartine, depuis, a fait de même dans ses Girondins.

822. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

La question est de savoir s’il peut rester quelque beauté, quelque grandeur à ce qui est ignoble ; si ce qui n’est pas vraisemblable est assez vrai, et si la nature veut être imitée sous tous les aspects qu’elle peut offrir, si elle est bonne à prendre sur tous les faits qui lui adviennent ; en un mot, si l’art qui la sait imiter n’est pas distinct du métier qui la copie. […] C’est là, je crois, l’état de la question entre Voltaire et Schiller, s’il peut y avoir en effet une question entre ces deux hommes. […] De savoir si cette modification est heureuse, c’est une autre question que je n’examine pas ; il me suffit de montrer que le système romantique laisse encore tant de liberté aux poètes.

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