Or, parmi ces œuvres, petites à dessein, alors même que leur manque de grandeur ne vient pas d’impuissance, ce qui domine le plus dans la littérature du quart d’heure, par le nombre autant que par la valeur relative, c’est encore le roman, le roman dont l’imagination publique n’est jamais lasse et ne peut l’être jamais ; car le roman, pour elle, c’est la vie qui soulage de l’autre, ou qui nous en venge ; c’est la vie vraie, mais arrangée par le génie pour n’être ni tout à fait si plate ni tout à fait si bête que la réalité. […] Francis Wey a écrit des livres renseignés et d’une érudition mordante, comme les Remarques sur la langue française, le style et la conviction littéraire ; ou l’Histoire des révolutions du langage en France ; mais ces études, qui l’ont posé comme homme de lettres devant le public d’une manière si carrée et si imposante, ont versé l’ombre de leur gravité sur un genre de littérature abordé par lui une ou deux fois, et que les pédants croient plus léger parce qu’il ne pèse plus le poids des livres, mais le poids du cœur qu’ils n’ont pas.
Les jeunes gens confient en secret leurs désirs à ces maîtres qui savent d’ailleurs les pénétrer à la fougue que montrent les adultes dans les jeux publics. […] Vous aurez encore le plaisir de tromper le public et de duper les physionomistes. […] J’ai vu tenter l’aventure, qui ne réussit pas, car c’est le nom et non l’œuvre qui a de la valeur pour un journal et pour le public. […] Loin de là ; il l’est beaucoup moins par l’abondance des excellentes méthodes répandues dans le public, par l’abondance aussi des livres à bon marché. […] En général, les soirées dramatiques, qui offrent plus de variété et une note plus gaie que la conférence ordinaire, sont surtout goûtées du public.