Bailly ne paraît pas s’être préoccupé longtemps à l’avance de cette Révolution dont il devait accueillir et servir avec une fermeté simple les débuts et les principes, et où il remplit si longtemps avec droiture le rôle d’Ariste ou d’Aristide : Le vendredi 29 décembre 1786, dit-il en ses mémoires, je dînai chez M. le maréchal de Beauvau : cc fut le premier instant où la nouvelle d’une Assemblée des notables me parvint. […] Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française.
Voilà trente ans et plus que cet homme de mérite, cet ancien rédacteur du premier Correspondant, suit sa voie, écrit des livres d’histoire bien étudiés, persévère dans ses principes, dans ses honorables travaux : il ne demande en récompense qu’une heure brillante qui les couronne. […] Cela posé, et le principe de l’analogie une fois établi comme règle dans les élections, on n’a, pour remplacer M. […] convaincu peut-être et converti, et cela dans une Compagnie dont l’égalité est le principe et dont la parole est l’âme ; — oui, être menacé de ne plus sortir d’une même nuance et bientôt d’une même famille, être destiné, si l’on vit encore vingt ans, à voir se vérifier ce mot de M.