Turenne ne lui paraît pas un prince vérifie ; on l’a vu faire des réserves sur le rang, à propos des tentures de ses funérailles, par jalousie de duc et pair à prince douteux. […] Tacite ne paraît souhaiter qu’une chose : de bons princes dans l’empire, devenu légitime héritier de la république. […] Deux situations seulement pour les personnes publiques : la faveur du prince ou sa disgrâce ; dès lors une seule émulation, la flatterie. […] Mais à Rome ainsi qu’à Versailles l’humeur du prince donnait seule le prix aux choses ; le vrai n’était vrai que s’il l’était selon la raison du maître, et la vertu qui ne songeait pas à plaire n’était pas innocente. […] L’historien est lui-même en scène ; il était de ceux qui se réjouissaient, et il nous le dit, en se reprochant, comme chrétien, le contentement du politique qui voyait la France échapper à un prince médiocre.
On ne l’ignore pas ; ce prince réunissait tout ce qui fait la vertu chez les particuliers comme chez les rois, des principes austères et une âme sensible. […] Massillon, comme on sait, fut le dernier des hommes éloquents du siècle de Louis XIV ; on le choisit aussi quelquefois pour célébrer des héros et des princes, à peu près comme la tendresse ou l’orgueil ont recours aux plus célèbres artistes pour élever des mausolées. […] Cet orateur, si connu par son éloquence, tantôt persuasive et douce, tantôt forte et imposante, qui développait si bien les faiblesses de l’homme et les devoirs des rois, et qui, à la cour d’un jeune prince, parlant au nom des peuples comme au nom de Dieu, fut digne également de servir à tous d’interprète ; cet orateur, qui sut peindre les vertus avec tant de charmes, et traça de la manière la plus touchante le code de la bienfaisance et de l’humanité pour les grands, n’a pas, à beaucoup près, le même caractère dans ses éloges funèbres. […] Au reste, ce défaut tient peut-être à un mérite de l’ouvrage, mérite d’autant plus estimable, qu’il ne se trouve dans aucune oraison funèbre, ni avant, ni après Massillon, et qu’il s’agissait d’un roi et de Louis XIV ; c’est que l’orateur y parle assez ouvertement des faiblesses et des vices de celui qu’il est chargé de louer ; et ne dissimule point que ce règne si brillant pour le prince a été souvent malheureux pour le peuple.