Mais une chose toute neuve, toute créée, c’est l’incomparable scène d’Antoine soulevant le peuple romain par l’artifice de son langage ; ce sont les émotions de la foule à ce discours, ces émotions toujours rendues d’une manière si froide, si tronquée, si timide dans nos pièces modernes, et qui là sont si vives et si vraies, qu’elles font partie du drame et le poussent vers le dénouement. […] Émotions puissantes, contrastes inattendus, terreur et pathétique poussés à l’excès, bouffonneries mêlées à l’horreur, et qui sont comme le rire sardonique d’un mourant : voilà les caractères du drame tragique de Shakspeare.
Loin de dépendre de la volonté, elle la détermine, elle nous pousse vers les objets qu’elle peint, ou nous en détourne, selon la maniere dont elle les représente.