Mais une plaisanterie n’est pas toujours une opinion, et personne, en réalité, n’a poussé plus loin que Malherbe le respect ou l’orgueil de son art. […] Rien de plus ; rien surtout qui indique la présence dans son auditoire d’un autre ennemi que le juif ; rien qui pousse, ou qui perce, et qui passe au-delà des murs entre lesquels il prêche ; mais … Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ; et la destruction de Jérusalem, la dispersion du peuple juif, la malédiction qui continue toujours, après dix-sept cents ans, de peser partout sur eux, tournées, pour le chrétien intransigeant qu’il est, comme en autant de preuves de la vérité de sa religion. […] Il n’en était peut-être que plus intéressant de le montrer poursuivant son idée jusqu’aux applications pratiques, et risquant ainsi, « pour la vouloir outrer et pousser trop avant », de nous la rendre inacceptable.
À certains jours marqués du mois et de l’année, le père de famille faisait le tour de son champ, en suivant cette ligne ; il poussait devant lui des victimes, chantait des hymnes, et offrait des sacrifices184. […] On poussait si loin la rigueur de ce principe que, si un étranger obtenait le droit de cité romaine sans que son fils, né avant cette époque, eût la même faveur, le fils devenait à l’égard du père un étranger et ne pouvait pas hériter de lui572. […] Le caractère le plus saillant de l’histoire de la Grèce et de celle de l’Italie, avant la conquête romaine, c’est le morcellement poussé à l’excès et l’esprit d’isolement de chaque cité.