/ 2003
1079. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

De là vient que, chez les hommes doués supérieurement, on voit, même pendant leur vieillesse, des périodes nouvelles de grande fécondité ; il semble toujours qu’il y a eu en eux un rajeunissement momentané, et c’est là ce que j’appellerais la seconde puberté. » Goethe poussa un soupir, et se tut. […] Les mouvements pénibles d’une âme violemment tendue le poussent tantôt ici, et tantôt là ; il passe d’une agitation inquiète à un repos inquiet ; aux jours de gaieté, il montrera une sombre violence, sans frein et pourtant sans joie ; abattu, brisé d’âme et de corps, il s’endort sur une couche dure…” « C’est absolument ainsi qu’il était ; il n’y a pas là le moindre trait exagéré. […] Alors il sent ses ailes pousser dans toute leur envergure, et il monte dans le drame à une hauteur de l’éther où jamais homme, ni antique, ni moderne, n’avait osé regarder.

1080. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

On comprend les cris de révolte que le poète place dans la bouche de son Prométhée ; Job, sur son fumier, en pousse d’aussi forts. […] Il pousse le chercheur vers l’endroit ou gît la trouvaille ; il la fait jaillir sous sa main, de la pierre qui la recèle ou du silo qui l’enterre. — ‘Ερμης ϰοινός ! […] Entre l’éclair qui le foudroie et l’abîme qui l’engloutit, Prométhée pousse un cri qui couvre l’éruption du monde déchaîné : « Ô Terre !

/ 2003