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1744. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Apparemment, dans les grandeurs historiques de cette époque, dans ses catastrophes sanglantes, depuis l’échafaud des femmes de Henri VIII jusqu’à l’échafaud de Marie Stuart et d’Essex, enfin dans la personne même d’Élisabeth, implacable et tendre, sévère et passionnée, aimant les fêtes connue une femme, la politique et la guerre comme un grand roi, il y avait quelque pose qui suscitait particulièrement cette imagination sérieuse, âme de la tragédie.

1745. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Théâtre-Français Voltaire Œdipe I 23 prairial an X [12 juin 1802] La littérature n’offre point d’exemple d’une entrée aussi brillante que celle de Voltaire dans la carrière dramatique ; c’est dommage qu’une course de trente ans ne l’ait pas conduit au-delà du premier pas qu’il fit dans Œdipe. Comme lui, Racine n’avait que vingt-un ans quand il donna Les Frères ennemis ; mais Œdipe est aussi supérieur aux Frères ennemis que Racine lui-même est supérieur à Voltaire. « Quelques personnes ont écrit, dit La Harpe, que cette pièce était la meilleure qu’il eût faite ; mais on peut être persuadé que c’est moins pour exalter cet ouvrage que pour rabaisser ceux qu’il a faits depuis. » Pourquoi La Harpe, qui ne peut se dissimuler à lui-même que Warwick ne soit tout à la fois son coup d’essai et son chef-d’œuvre, serait-il fâché d’avoir au moins ce trait de ressemblance avec Voltaire ? Si on veut se donner la peine d’établir une comparaison régulière et motivée entre Œdipe et les autres tragédies fameuses du même auteur, on trouvera que c’est réellement celle qui est la mieux versifiée, la plus sage, la mieux conduite ; elle offre moins de défauts et un plus grand nombre de véritables beautés. Il ne faut pas se laisser séduire par de vains coups de théâtre, par des situations forcées et romanesques, par le fracas et le charlatanisme de la scène ; il faut consulter l’art de la poésie et non l’artifice du poète.

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