Anathème sur Boursault et la sacrilège audace qui lui dicta le Portrait du Peintre ! […] On connaît le portrait que nous en a laissé Mme du Deffand : « grande et sèche, le nez pointu, le visage aigu, deux petits yeux verts de mer, la bouche plate, les dents clairsemées et extrêmement gâtées169 ». […] C’est bien là le vrai Voltaire, imparfaite ébauche de sa personne peut-être, mais portrait vivant et parlant de ses œuvres. Allez voir maintenant au Louvre le portrait de Bossuet, par Rigaud. […] Considérez-les lentement, attentivement, ce portrait et cette statue : ce ne sont pas seulement deux hommes, ce sont deux siècles de notre histoire, ce sont deux formes du génie français, ce sont aussi, grâce à la haute signification des modèles, dans le marbre de Houdon et sur la toile de Rigaud, deux faces de l’esprit humain que l’art a fixées pour jamais.
On le croyait distrait lorsqu’il était occupé à gravir les hauteurs de la pensée, à descendre dans les abîmes des origines, etc. » Dans ce portrait idéal, tracé à distance et au point de vue des années condensées, il ne faudrait pas chercher un renseignement biographique précis. […] Il lui avait lu les chants commencés d’Antigone, et quelques impressions nouvelles, dues à un sourire compatissant, se retrouvèrent bientôt dans le portrait intime de la fille d’Œdipe : ainsi les paroles de la consécration d’Antigone par son père mourant sont une inspiration de ces premières rencontres : « Ame sublime d’Antigone, que t’importe le bonheur ou le malheur ? […] Ampère lui-même, au tome Ier des Portraits littéraires : on y trouvera des lettres intéressantes de M.