« Des désirs impétueux, nous dit l’organe du wagnérisme, grandissent en elle … Les deux héros (érotiques vaudrait mieux) se regardent en face suffoqués d’émotion … Tristan porte la main à son front », « Iseult porte la main à son cœur ». […] Le profond sérieux du génie allemand se manifeste ici, et à la porte sa matérialité solide. […] C’est ainsi que, à la porte même du théâtre Wagner, deux restaurants sont installés, où les fidèles du maître peuvent se gaver d’épaisses boissons et de lourdes nourritures dans les longs entractes — la représentation commençant à quatre heures pour finir à dix, avec deux pauses d’environ cinq quarts d’heure. […] Mais tous ces passages me paraissent surpassés par l’émouvant retour d’une phrase tirée de l’Arioso de Fédès : « Ta pauvre mère », etc., dite cette fois en sanglotant par le cor anglais, et planant au-dessus d’un susurrement mystérieux en trémolo des cordes au moment où, vers la fin du second acte, le futur Roi-Prophète s’échappe pour écouter à la porte de la chambrette de sa mère, qui « dans son sommeil murmure une prière pour le fils ingrat ; une perle, fut-elle enfouie dans un fumier, vaut bien la peine qu’on la mette en lumière !
Il a compté sur le nom du marquis de Prestes pour lui ouvrir les portes du Luxembourg, et il voudrait le voir rentrer dans le bercail officiel de la royauté de Juillet, pour s’y glisser à sa suite. […] Ce marquis porte des talons rouges à ses bottes vernies ; il a l’attitude et les manchettes de l’insolence de l’ancienne cour ; il le prend aussi d’un peu trop haut avec son beau-père. […] Le vieux boutiquier met une aimable pudeur à dévoiler l’ambition secrète qu’il porte sur lui ; il se déboutonne, comme on dit, demi-mot par demi-mot, réticence par réticence ; le jeune homme l’aide de son mieux dans son œuvre ; puis, lorsqu’il l’étale enfin dans toute son infirmité grotesque et risible, le gendre éclate de rire au nez du beau-père : c’est là sa réponse. […] Certes, il est hardi son petit projet, à Madame Olympe : changer de nature, de personnalité, d’existence ; sortir courtisane par une porte et rentrer comtesse par une autre, cela pourrait réussir dans les pays où le carnaval dure six mois. […] Alors, une fois les portes closes et les domestiques renvoyés, vous la voyez mettre bas sa couronne de comtesse, sa robe montante de grande dame, son masque de femme honnête, et la fille reparaît, la fille parisienne qui regrette son élément de boue, de Champagne et de bruit et qui s’y replonge par la pensée, et qui y nage, et puis y barbote, et qui s’en donne par-dessus la tête.