D’une seule branche de ce tronc sortirent, en se séparant, la logique, la morale, l’économie et la politique poétiques ; d’une autre branche sortit avec le même caractère poétique la physique, mère de la cosmographie, et par suite de l’astronomie, à laquelle la chronologie et la géographie, ses deux filles, doivent leur certitude. Nous ferons voir d’une manière claire et distincte comment les fondateurs de la civilisation païenne, guidés par leur théologie naturelle, ou métaphysique, imaginèrent les dieux ; comment par leur logique ils trouvèrent les langues, par leur morale produisirent les héros, par leur économie fondèrent les familles, par leur politique les cités ; comment par leur physique, ils donnèrent à chaque chose une origine divine, se créèrent eux-mêmes en quelque sorte par leur physiologie, se firent un univers tout de dieux par leur cosmographie, portèrent dans leur astronomie les planètes et les constellations de la terre au ciel, donnèrent commencement à la série des temps dans leur chronologie, enfin dans leur géographie placèrent tout le monde dans leur pays (les Grecs dans la Grèce, et de même des autres peuples).
Je ne désirais pas même que mon petit essai problématique de poésie nouvelle parût si tôt ; je sollicitais ardemment du gouvernement de la Restauration un emploi diplomatique qui m’ouvrît l’accès à la haute politique, ma véritable et constante passion. […] J’avais bien raison ; car, si je n’avais pas publié alors quelques vers passables, dont on s’est malheureusement souvenu toujours contre moi, ou si je n’en avais publié que de médiocres ou de ridicules, oubliés comme ceux de quelques grands hommes politiques de nos jours, j’aurais pu espérer, comme eux, de passer pour une capacité politique de second ou de troisième ordre dans les fastes de l’heureuse et prosaïque médiocrité. […] Il était prince, il était puissant, il était l’oracle du monde politique, il avait été l’ami et le disciple de Mirabeau sans se tromper à son génie, le plus juste et le plus vaste du dix-huitième siècle. […] J’avais peu de souci de la gloire des vers : j’en avais un immense de la politique. […] Il a reçu ce don des dons : qu’il ne s’égare pas sur les traces des poètes politiques, systématiques, empiriques, métaphysiciens, logiciens, sectaires, que sais-je ?