/ 2435
1326. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

— Un mot qui peint la politique présente de casse-cou et de sans lendemain : c’est le mot de Rouher à Vatry, fort effrayé de la situation. […] Nous le trouvons triste de son état, triste de la politique, triste de l’état de la littérature. […] Il n’est jamais plus guilleret, que lorsque toutes les cartes de la politique sont brouillées. […] …………………………………………………………………………………………… Ce soir nous nous traînons péniblement à Saint-Gratien, où le salon de la princesse a le contrecoup des inquiétudes politiques du moment… Le docteur Philips se met à parler de certaines maladies toutes modernes, de maladies nerveuses comme celles qui naissent de certains travaux mécaniques, des mêmes mouvements répétés, de seconde en seconde, pendant sept heures, ainsi que dans la machine à coudre, puis d’une maladie particulière de la moelle épinière, produite chez les chauffeurs, par le tremblement perpétuel de la machine, enfin des nécroses venant à la mâchoire inférieure des jeunes filles, fabriquant des allumettes. […] … Moi aussi, depuis quelque temps, avec les choses qui se passent en politique, je me sens dans un état nerveux… » Et la scène finit dans la douceur d’un silence ému, où se retrempe et se resserre l’amitié.

1327. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Il y a à côté de moi le général Schmitz, un militaire mêlé à la littérature, à la diplomatie, à l’économie politique, un homme d’intelligence, la parole pleine de faits. […] voilà les hommes politiques !  […] Mardi 23 avril Arsène Houssaye racontait, ce soir, qu’en 1848 Hetzel s’étant transporté avec Lamartine, au ministère des affaires étrangères, mit la main sur le portefeuille, dans la pensée qu’il contenait le secret des secrets de la politique européenne. […] Nous causons de Ronsard, puis tout de suite, lui se met à hurler, moi à gémir, sur la politique, la littérature, les embêtements de la vie. […] Mardi 23 juillet Un ministre de Thiers qualifie ainsi la politique de son chef : « C’est un usufruitier qui ne fait pas les grosses réparations. » La conversation tombe sur Jules Simon, — c’est Ernest Picard qui parle, et on sent dans les sous-entendus, dans les réticences diplomatiques de l’ambassadeur, toute sa méprisante antipathie pour le ministre de l’Instruction publique.

/ 2435